Qatar
Le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhan, a rencontré l'émir du Qatar jeudi, lors de son troisième voyage à l'étranger depuis que la guerre a éclaté en avril, après s'être également rendu en Égypte et au Sud-Soudan ces derniers jours.
M. Burhan, dont les troupes combattent les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF), a passé des mois assiégés à l'intérieur du quartier général de l'armée à Khartoum et est resté au Soudan, pays ravagé par le conflit, jusqu'à la fin du mois d'août.
À Doha, il a été accueilli sur le tapis rouge et a discuté "des derniers développements de la situation et des défis auxquels le Soudan est confronté" avec l'émir, le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, selon un communiqué de la cour royale du Qatar.
M. Burhan a quitté Doha jeudi après-midi, selon l'agence de presse officielle du Qatar.
La guerre entre Burhan et son ancien adjoint, Mohamed Hamdan Daglo, commandant de la RSF, a tué au moins 5 000 personnes, selon une estimation prudente du projet Armed Conflict Location & Event Data.
Mercredi en fin de journée, Burhan a publié un décret dissolvant le FSR, tandis que les États-Unis ont imposé des sanctions au commandant en chef Abdelrahim Hamdan Daglo, le frère du chef paramilitaire.
Le Conseil de souveraineté transitoire, dirigé par Burhan, a déclaré que le décret était "fondé sur les répercussions de la rébellion de ces forces contre l'État, les graves violations qu'elles ont commises à l'encontre des citoyens et le sabotage délibéré des infrastructures du pays".
"Contrôler le terrain"
Les défenseurs des droits de l'homme ont accusé les forces de sécurité et les milices arabes alliées d'atrocités, notamment de viols, de pillages et de massacres de minorités ethniques, principalement dans la région du Darfour, où les ethnies sont mélangées.
L'armée a elle aussi été accusée d'exactions, notamment de bombardements aveugles des zones résidentielles où les forces de sécurité sont présentes.
Burhan a fait sa première incursion hors du quartier général de l'armée le mois dernier et a rendu visite à des alliés régionaux au cours des dernières semaines.
Depuis qu'il a quitté la capitale Khartoum, il est basé à Port-Soudan, une ville de l'est du pays qui a été épargnée par les combats.
Les fonctionnaires du gouvernement et les Nations unies se sont également installés dans cette ville côtière qui abrite le seul aéroport opérationnel du Soudan.
A la fin du mois dernier, alors que des rumeurs faisaient état de négociations visant à mettre fin à la crise, Burhan s'est envolé pour l'Egypte, historiquement son plus proche allié, avant de se rendre au Sud-Soudan cette semaine.
"L'importance de ces voyages à l'étranger est de confirmer la légitimité de Burhan auprès de la communauté internationale", a déclaré à l'AFP Ashraf Abdulaziz, rédacteur en chef du quotidien soudanais indépendant Al-Jarida.
Le Caire et Juba ont tous deux cherché à mobiliser les efforts régionaux et internationaux pour mettre fin au conflit qui dure depuis près de cinq mois, après que les tentatives de médiation au début de la guerre ont échoué à plusieurs reprises.
Plusieurs trêves négociées par les États-Unis et l'Arabie saoudite ont été systématiquement violées, avant que les deux médiateurs n'interrompent les pourparlers en juin.
Burhan a contesté les efforts de médiation de l'IGAD, le bloc de l'Afrique de l'Est, accusant son coordinateur actuel, le Kenya, de donner une tribune à Daglo dans sa tentative d'amener les parties belligérantes à la table des négociations.
Le mois dernier, le gouvernement de Burhan a boycotté les pourparlers de paix organisés par l'IGAD dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, exigeant que le Kenya soit remplacé.
Jeudi, le ministère des affaires étrangères dirigé par Burhan est allé plus loin en menaçant de revoir l'adhésion du Soudan à l'IGAD si le Kenya en restait le principal négociateur.
"Si l'IGAD ne tient pas compte de notre demande de changement de président (du quatuor de négociation), le gouvernement soudanais réexaminera la pertinence de son adhésion à cette organisation", a-t-il déclaré dans un communiqué.
En annonçant des sanctions mercredi, le Trésor américain a déclaré qu'en vertu de la loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, le Soudan ne serait pas autorisé à participer aux négociations.
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